La théologienne Anne Soupa (lien vidéo facebook et twitter), s’engage dans une revendication courageuse, de manière pacifique, en cohérence avec ses valeurs religieuses et féministes.

Ce mode de lutte est admirable car il permet de questionner une institution de l’intérieur et de maintenir le dialogue avec celle dont on souhaite le changement. Il permet également de ne pas remettre en cause les idéaux partagés par l’auteur des revendications avec les auteurs des pratiques contestées (ici la foi, les valeurs d’amour, de partage… ; cela pourrait être la défense des lois ou des droits fondamentaux, des valeurs démocratiques, de l’égalité, de la liberté…).

L’efficacité de cette démarche sera toutefois conditionnée par sa reprise par d’autres acteurs de la lutte, pour emporter ici le soutien de la majorité des fidèles, puis des instances dirigeantes de l’institution considérée.

Mais doit-on nécessairement pratiquer une lutte violente pour voir réalisées ses revendications ?

Est-ce aujourd’hui la violence des manifestants antiracistes qui permet d’emporter la conviction de l’opinion publique, puis des instances dirigeantes, ou l’ampleur du mouvement de contestation ? (Comment ne pas penser ici au récent volte-face de médias influents ou du Ministre de l’Intérieur sur l’appréciation des violences policières racistes ?).

Si dans l’histoire de George Floyd il y a effectivement de la violence, elle n’est pas originellement du fait de ceux qui luttent, sinon le déclencheur d’une protestation mondiale majoritairement pacifique.

Ainsi dans ce nouvel exemple l’acte de violence constitue non pas la méthode de lutte mais le fondement de la généralisation du mouvement de révolte ; faisant passer George Floyd de l’état de victime à celui de Martyr, pour emporter l’exaspération même des moins convaincus.

Bien sûr du côté de ceux qui luttent la voie violente semble plus efficace car ils ne sont généralement pas entendus par leurs oppresseurs (ce qui énerve), mais l’est-elle vraiment ?

La décridibilisation sociale du mouvement des Gilets jaunes n’est-elle pas intervenue lorsque les manifestations sont devenues le théâtres de violences et de heurts (dont l’origine est discutée, souvent qualifiée de stratégie politique pour jeter l’opprobre populaire sur le mouvement, justement pour que la violence porte préjudice à la cause) ?

N’y a-t-il pas un piège dans le fait de défendre ses idées par cette voie frontale, ou est-ce une nécessité lorsque le système contesté utilise lui-même cette seule méthode ?

La question reste ouverte.

Mais l’on ne peut s’empêcher d’entendre l’écho des textes de Camus qui nous enseigne que « la fin ne justifie pas les moyens ». Autrement dit, de rester en accord avec nos principes jusque dans la lutte de nos contraires, pour éviter de devenir l’objet de nos propres critiques, voire même de prendre le risque de perdre deux fois.

David Nabet-Martin






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